Encounters are the best part of life [Kiam]

Cette partie des terres se cachant derrière les montagnes qui lui ont permis d’arriver ici, est la plus agréable. La température est correcte, il ne fait ni trop frais, ni trop chaud, quant aux paysage, il est splendide. Mais surtout pratique. La louve disparaît facilement entre les arbres, presque invisible si elle s’en donne la peine. Elle a repéré les effluves d’autres canidés, mais n’a pas encore cherché à les trouver pour autant. Elle qui espère tant croiser d’autres loups se retrouve malgré tout à ne pas les rechercher pour autant. Elle se méfie peut-être trop. Mais bien que ses pattes foulent ces terres depuis quelques jours, elle estime ne pas encore assez les connaître pour s’assurer une belle fuite, si cela s’avère utile. Elle est déjà tombée truffe à truffe avec un renard mal luné. Oh, il a fui, forcément, mais elle n’est pas certaine que dans l’histoire ce soit lui qui ait été le plus saisit.

Voyant la journée passer lentement, elle ressent une once de fatigue qui l’oblige à vouloir se reposer. Heureusement, il ne lui faut pas longtemps pour trouver un lieu sûr, ou du moins qui lui semble sûr, pour se reposer. S’approchant lentement d’une énorme souche, elle s’allonge dans le creux de cette dernière et posa sa tête sur ses pattes. Fermant bien rapidement les yeux. Cela fait peut-être un ou deux jours qu’elle marche sans trop se reposer, voulant découvrir ce qui l’entoure et n’oubliant surtout pas de chasser. Elle qui, à une époque, eu l’habitude de chasser du gros gibier, doit aujourd’hui se contenter de proies moins dangereuses. Certes plus abondantes, mais un lapin, ou un lièvre, restent des animaux rapides qu’il faut surprendre plutôt que chasser.

Une légère brise de vent ne vient pas la perturber, son sommeil pourtant léger. Ce n’est que lorsque son odorat l’informe de la présence d’un canidé, non loin d’elle sans doute, que ses paupières pourtant lourdes s’ouvrent en un mouvement. Son premier réflexe n’est jamais le bon, vouloir se diriger vers un inconnu avec tout l’enthousiasme dont elle est capable.. c’est dangereux. Pourtant, depuis qu’elle est solitaire, c’est la méfiance qui prime avant toute chose. Toutefois, elle reste allongée, observant la nature qui l’entoure, peu encline à se lever. Le vent soufflant en sa direction, elle a sans doute repéré l’autre canidé avant qu’il ne la repère à elle. Avec un peu de chance, il va continuer son chemin..

Non. La solitude lui pèse bien trop. Se levant lentement, elle s’étire avant de s’ébrouer inutilement. Elle jappe, une fois, puis deux, dans le vide. Quand bien même le vent souffle en sa direction, le son lui se propage partout. Et puis, elle part rejoindre cet inconnu, repérant après une minute seulement la silhouette d’un autre solitaire. Il est à une bonne quinzaine de mètres d’elle lorsqu’elle s’arrête, désirant garder une expression et attitude neutre. Objectif qu’elle n’atteint certainement pas en remuant légèrement la queue, bien trop heureuse de voir un autre canidé après sa rencontre dans les terres alpines.

« Bonjour. » dit-elle d’une voix douce, prête à déguerpir au besoin mais désireuse de se montrer amicale.

L'autre loup n'a pas l'air hostile. C'est une bonne nouvelle, car malgré son désir de rompre toute forme de solitude et de croiser délibérément ses congénères, Pyralis n'est pas une combattante. Sait-elle se défendre? Et bien ça dépend de son adversaire. Mais un loup mâle est souvent déjà plus grand qu'elle, alors ajouter cela une belle carrure et il vaut mieux compter sur sa rapidité plutôt que sa force. Et heureusement, Pyralis est rapide. Elle est prête à détaler, s'il le faut, car une blessure, même minime, pourrait lui coûter la vie. Elle ne peut compter sur le soutien d'une meute ou d'un camarade de route pour sa survie. Le loup en face d'elle semble avoir pêché un poisson. Il a encore le museau et les pattes trempés. Pyralis n'a jamais été douée pour la pêche, à moins qu'elle se pratiquait dans des eaux peau profondes et qu'il fallait encore une fois faire preuve de plus de rapidité que d'agilité pour attraper sa proie. Le ton de la voix de l'inconnu est tout aussi neutre que l'était le sien. Néanmoins, c'est sa posture qui lui met la puce à l'oreille. Elle ne croit pas être sur le territoire d'une meute, ni avoir détecté au loup l'odeur d'autres congénères, qui serait une preuve de son appartenance à une meute. Mais sa façon de se tenir ne trompe personne.

« Non, je parcours ces terres depuis une ou deux semaines. Tu es seulement le deuxième loup que je croise, j'ai cru comprendre que nous ne sommes pas très nombreux par ici. »

Aucun mensonge, il est le deuxième canidé qu'elle croise en ces vastes terres et depuis son arrivée, elle parcours bel et bien les lieux à la recherche de nourriture et de repères. Bien qu'elle n'est pas faite pour la vie solitaire, elle a rapidement constaté que certains endroits seraient propices à la formation d'une meute. Elle n'avait donc qu'à attendre que d'autres solitaires en viennent à la même conclusion, ou bien même qu'une meute débarque et s'installe. L'espoir lui a toujours permis d'avancer depuis la mort des siens. Le loup se présente alors comme étant dénommé Kiam. Un nom qu'elle compte bien retenir. En même temps ce n'est pas très compliqué de retenir les noms de ses congénères, étant donné qu'il est aussi seulement le deuxième loup qu'elle croise depuis près d'un an.

« Enchanté Kiam. » répond-elle toujours d'une voix aussi douce, mais cette fois-ci plus enjouée en voyant l'attitude du mâle changer un petit peu. Sa posture droite d'il y a moins d'une minute l'a perturbé plus qu'elle ne le laisse paraître. « Je m'appelle Pyralis. Et toi, es-tu ici depuis longtemps? »

Elle croit se douter de la réponse, mais demande quand même. Qui sait, il sait peut-être où se rassemblent plus de loups pour l'une ou l'autre raison, sans doute un lieu avec plus de proies. Elle ne vit vraiment pas bien sa solitude si malgré la fatigue, elle se sent capable de parcourir des dizaines de kilomètres pour croiser quelques semblables.