Une première rencontre. [Pv Sam']

La petite avait chaud, mais la température était beaucoup plus confortable durant la nuit... Arrivée au ruisseau, elle y plongea ses pattes avants jusqu'à son poitrail, laissant ainsi sa gorge trempée également dans l'eau fraîche pendant qu'elle se désaltérait. Laissa son regard tranquillement parcourir les abords de l'eau, Romanov se stoppa soudainement.

La silhouette massive d'un animal se decoupa entre les tilleuls qui bordaient le ruisseau. La louve se redressa lentement, et une lueur d'espoir brilla soudainement au creux de son regard azuré.

-" Nash ?! Dit-elle d'une voix forte, sans même réfléchir aux conséquences d'une telle action... Son frère lui manquait tant. La simple compagnie de ses pairs lui manquait horriblement. Bien que Romanov était méfiante envers tout le monde, elle se trouvait à être une louve sociale et d'agréable compagnie, lorsque sa dure carapace était percée.

Cependant, l'odeur qui parvint alors jusqu'à son museau la fit regretter ce manque stupide de vigilance dont elle venait tout juste de faire preuve. La belle se gronda intérieurement, et elle se fit soudainement petite. Elle espéra à ce moment que ces quelques semaines passées sans entraînement n'avaient pas fait régresser ses techniques de stratège et d'infiltrateur. Elle se mit donc à jouer, pour son propre bien.

Elle recula rapidement du ruisseau pour en extirper le devant de son corps et s'écrasea au sol, plaqua t ses oreilles sur ta petite tête.

Romanov vu la silhouette de l'inconnu se mouver tranquillement. Elle ne bougea pas d'un centimètre, analysant les moindres faits et gestes de l'animal. Bien qu'elle prit une attitude et une position de soumission, la femelle n'était en réalité pas effrayée. Elle garda posé sur la bête un regard froid et méfiant, sachant que la noirceur cammouflerai très certainement ses traits. Cependant, le mâle ne sembla pas menaçant pour l'instant. Il prit d'ailleurs soin de maintenir la distance entre eux, n'ayant pas bougé, lui non plus. Aux paroles du mâle, la louve ne releva que la tête, laissant son corps écrasé sur le sol terreux et humide. Mais avant qu'elle ne puisse décliner une fausse identité, la bête rajouta quelques propos. Sa question indiquait qu'il n'était fort probablement pas hostile. Romanov resta étendue au sol, la tête toujours droite, oreilles par devant.

-" Je.... Je suis Romy... Je cherchais mon grand frère, il vous ressemble beaucoup... Vous ne l'auriez pas vu ? Dit la belle, d'une voix incertaine et enfantine. Tant qu'elle ne connaissait pas bien les intentions de quelqu'un, ce dernier etait considéré comme une menace et un potentiel ennemis...

Pauvre Romanov, elle qui n'avait apprit que la méfiance depuis toute petite... Sa carapace si durement bâti serait bien longue à faire tomber, et d'ici là, elle continuerait probablement à considéré tout le monde comme des ennemis... Suite à ses paroles, elle se releva dans une lenteur olympique, et fit un minuscule pas vers le mâle.

L’attitude de la louve avait changé. Elle semblait triste, vraiment triste. Son regard, sa position, ses oreilles. Elle était triste. Et Samaël avait un grand cœur. Il ne pouvait pas continuer son chemin, la laissant se débrouiller seule. Ça ne rimerait à rien et il se sentirait coupable.
Son sanglot qui fit lever un sourcil imaginaire. Oh non.

« Eh, les terres sont grandes, c’est vraiment dur de retrouver quelqu’un ici. Surtout seule. Tu devrais vraiment chercher avec quelqu’un. »

Lui, ou n’importe qui d’autre, mais Samaël n’était pas un pisteur né. Suivre un lapin et le chasser il savait faire, suivre un loup disparu depuis plusieurs semaines, ce n’était pas la même histoire et il ne voulait pas être un poids pour elle.

« La montagne ? Oh, j’espère qu’il l’a passé avec toi alors, il sera dur de faire demi-tour pour le retrouver. Il semble que partir de ses terres est presque chose impossible. »

Il grimaça, la montagne était une frontière infranchissable dans l’autre sens. Une fois ici, les Terres semblaient vous garder pour l’éternité. Samaël avait essayé une fois, en vain, retrouver le passage par lequel il était passé était impossible. Le chemin dans l’autre sens, ce n’était pas une bonne idée. Il s’assit en face d’elle, sans la lâcher du regard. Bien plus à l’aise, il prit même le temps d’enrouler sa queue sur ses pattes. Il se méfierait plus tard.

« Il n’y en a pas beaucoup, si tu n’es pas la première que je rencontre, je n’en ai pas vu beaucoup avant. La terre semble s’être… Inexplicablement vidée de ses loups, ses meutes. Il n’y a qu’un vaste territoire, rempli avec abondance de nourriture. Tout est idyllique ici… Mais… Plus de loups… C’est juste étrange. »

Samaël ne savait pas comment mettre les mots dessus. Il ne savait pas ce qu’il s’était passé. Comment toute une race avait pu disparaitre ? Ou en tout cas, ne pas vouloir se montrer. Rare était qu’il avait trouvé vivant ici. Il était si curieux de savoir ce qu’il s’était passé. Mais avant tout, son désir de monter une meute était plus fort. Seul, il ne ferait rien de productif.

Cette fois, une peur bien réelle parcourue l’échine de la louve tricolore. Ce mâle venait tout juste de confirmer les croyances de la belle : Ces terres étaient pratiquement désertes, d’une réelle beauté et d’une abondance de ressources quasi sans limite… Connaissant Balkir, son père, il ferait creuser ses troupes jours et nuits, jusqu’à ce que mort par épuisement s’en suive, ne serait-ce que pour pouvoir créer un passage à contre-sens à travers les montagnes uniquement pour avoir le plaisir de gouverner ce monde. S’il venait à découvrir ces contrés, il ne prendrait que très peu de temps pour la retrouver… À cette idée, Romanov reteint une expression d’horreur et de crainte, appréhendant cette réalité qui n’était, et ne serait peut-être jamais sienne.

- "Je …" Romy hésita, et à ce moment précis, elle passa bien près de briser son jeu d’actrice et laisser tomber sa carapace. Elle serra les crocs les uns contre les autres, jusqu’à ce que la douleur lui fasse relâcher la pression qu’elle exerçait sur les muscles et les os de sa gueule. Elle souffla.

- "Je ferais bien de continuer mes recherches, alors…" Dit tristement la demoiselle, le regard cette fois-ci réellement triste.

Son cœur fit un bond… À travers son mensonge, la réalité la rattrapa. Son frère n’était plus auprès d’elle et elle ne pouvait le chercher, car Nash ne se trouvait pas ici… Elle regretta soudainement son choix de scénario, qui lui faisait constamment remonter les traits physiques de son frère, son odeur, sa voix… Il lui manquait terriblement… Romanov aurait tout donné, à ce moment, pour pouvoir s’effacer, s’endormir, s’évanouir, n’importe quoi qui aurait pu mettre ses pensées en pause…

La louve laissa tomber son regard vers le sol et en fit de même pour une partie de la tension qui la submergeait. Elle reposa ensuite son attention sur le mâle.

- "C’est Romanov, en fait." Dit-elle, affichant un faible sourire, pas tout à fait sincère envers elle-même. "Vous connaissez ces terres depuis longtemps ?"